L'Hôtel Dieu de nos jours

 

 

     Chaque touriste de passage à Beaune ou en Bourgogne ne peut éviter une visite à l'Hôtel Dieu. C'est un incontournable. Ce serait comme passer par Paris sans aller visiter le Louvre ou voir la Tour Eiffel !

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     A tout seigneur, tout honneur, commençons par le portail principal et la flèche. C'est, d'ailleurs, là que débute l'Enigme du Manuscrit de Pommard. Le format panoramique permet d'embrasser une vue complète de la flèche (qui culmine à xx mètres de hauteur) et du portail malgré le faible recul que l'on peut prendre en raison de la relative étroitesse de la rue.

 

travaux de rénovation du toit en 2007/2008

 

     Pendant plusieurs années, je suis passé, quatre fois par jour, devant cette porte sans vraiment savoir ce que signifiait la date qui y était inscrite : Hôtel Dieu, 1443. J'étais alors à l'école primaire des Remparts (entre 1974 et 1979) et, lorsque je rentrais à la maison, je longeais le grand mur de l'Hôtel Dieu. C'est même devant l'Hôtel Dieu qu'en 1976 j'ai serré la main de Valery Giscard d'Estaing alors Président de la République. Jamais je n'aurais imaginé qu'un jour j'écrirais un roman historique sur ce lieu ! Je ne saurai que quelques années plus tard que 1443 est l'année où l'Hôtel Dieu entra en fonction en accueillant ses premiers malades.

     Le grand auvent de la porte d'entrée avait un rôle important : il accueillait tous les miséreux et les nécessiteux, plusieurs fois par jour, qui venaient glâner un peu de pain. En noir et blanc, deux détails de la grande porte : en haut le judas rectangulaire qui permettait aux soeurs Hospitalières de contrôler l'identité de ceux qui frappaient à la porte (à cette époque, les bandes d'écorcheurs formées suite à la dissolution de régiments à la fin de la Guerre de Cent Ans étaient nombreuses et prêtes à tout pour piller). En bas, le heurtoir avec son serpent sculpté. Les éléments de la porte sont évoqués dans le roman aux chapitres 2 et 7.

 

 

Ci-dessous : Les symboles gravés sur le judas

Le sol pavé de la Cour d'Honneur

 

grille aux armes N et G

 

     Deux autres détails du grand mur sur rue : le grand porche qui ouvre sur la place des Halles; C'est par là (le porche lui-même n'existait pas encore, c'était juste un passage) que la charette du vigneron sur laquelle gît le blessé de Corton pénètre dans la Cour d'Honneur de l'Hôtel Dieu (chapitre 4). L'autre image montre l'une des rares fenêtres ménagées dans le grand pan de mur (celle-ci est celle de la billeterie).

 

 

 

 

 

 

 

 

une vue panoramique de la rue de l'Hôtel Dieu un jour d'été...

 

     Passons maintenant à l'intérieur de l'édfice : tout d'abord l'accueil. Autrefois, c'était un magasin de stockage des denrées. Le bureau situé juste derrière n'était autre que le réfectoire des Hospitalières. Quant à l'étage, il était occupé par la chambre de la Supérieure... Aujourd'hui, les caisses enregistreuses et les présentoirs de cartes postales ont remplacé les chants des soeurs.

 

 

   

 

 

 

     L'une des images les plus célèbres de l'Hôtel Dieu est ,sans nul doute, sa Cour d'Honneur dont il est souvent question dans l'Enigme du Manuscrit de Pommard. Des pavés disjoints aux tuiles émaillées en passant par la galerie basse, la galerie haute, les différentes salles, tout est propice à l'émerveillement. Ci-dessous à gauche, on peut voir l'arrière du bâtiment sur rue dépourvu de tuiles émaillées ainsi que le bâtiment construit au XVIIIe siècle qui abrite aujourd'hui le musée et le célèbre Polyptique du Jugement Dernier de Rogier Van Der Weyden (salle Saint Louis). A droite, les tuiles émaillées et les chiens-assis de l'aile sud-est resplendissent sous le soleil.

 

     Quelques vues de la Cour d'Honneur. A gauche, les touristes déambulent sur les pavés. La vue est prise depuis l'un des bureaux de la partie administrative de l'Hôtel Dieu, le jour où le conservateur (le vrai, pas celui du roman) m'a permis d'étudier un véritable livre de comptes du XVIe siècle (voir plus loin la description et les images). La deuxième image montre la tour d'angle ouest entre la Salle Saint Louis et les galeries hautes et basses. Il s'agit d'un endroit important à plus d'un titre : en premier lieu, c'est par là qu'enfant je pénétrais dans la Cour d'Honneur lorsque je rendais visite à mon ami Christophe dont le père n'était autre que le gardien de l'Hôtel Dieu. Ensuite, c'est au pied de cette tour que se trouvait, autrefois, le lavoir par lequel Roland de Dinteville s'enfuit (dans le roman). Enfin, c'est grâce à l'escalier qui serpente à l'intérieur de cette tour que Gabrielle Tizedon accède à la pièce des archives et qu'elle s'enfuit à la fin du roman. La troisième image représente le puits exploré par Roland et Gabrielle à cinq cents ans d'écart. Quant à la dernière image, c'est celle de la galerie basse, maintes fois arpentée par les Hospitalières, les protagonistes de l'Enigme du Manuscrit de Pommard ou, de nos jours, par les touristes. Ci-dessous, l'incontournable Salle des Pôvres où Melzi fut hospitalisé avant de gagner une pièce plus discrète.

 

     Gagnons maintenant la cour extérieure de l'Hôtel Dieu. Elle ne se visite pas, mais l'on peut s'y rendre sans difficulté puisqu'elle abrite une maison de retraite. C'est dans cette cour que j'ai situé, dans le roman, les bureaux du conservateur Bruno Chevallier. Des jardins bien entretenus au milieu desquels on découvre les statues de Nicolas Rolin (ci-contre) et son épouse Guigone de Salins (ci-dessous). A côté de Guigone, les reflets des toits dans les fenêtres des bureaux des Hospices de Beaune.

 

 

 

 

une étiquette des vins

des Hospices de Beaune

 

    

plan de l'Hôtel Dieu (visible au début de la visite)                                                                                                                     le carrelage aux armes N et G

 

le Polyptique du Jugement Dernier de Rogier Van der Weyden ouvert (ci-dessus) et fermé (ci-dessous)

     Impossible d'évoquer l'Hôtel Dieu sans parler du Poyptique du Jugement Dernier de Rogier Van der Weyden. A l'origine, c'était à Jan Van Eyck qu'avait été commandé ce polyptique, mais il mourut avant de l'avoir commencé (1441). C'est donc à l'un de ses élèves, le Bruxellois Van der Weyden (aussi appelé Rogier de la Pasture) qu'échut cette commande qu'il exécuta entre 1446 et 1452 (source : web gallery of art). Impressionnant par sa taille (5,60 m x 2,15 m), ce retable représente probablement l'une des oeuvres parmi les plus importantes de l'époque des primitifs flamands (le duché de Bourgogne englobait les Flandres, plus particulièrement les villes de Bruges et Gand). D'une extraordinaire richesse picturale (on reconnaît, par exemple, des centaines d'espèces végétales aux pieds des pénitents), ce retable était, à l'origine, exposé dans la chapelle de la salle des Pôvres. La semaine, il était en position fermée (ci-contre). L'on pouvait alors voir la représentation de Nicolas Rolin et Guigone de Salins en prière (et en trompe l'oeil) devant leur saint patron (Saint Sébastien pour Nicolas et Saint Antoine pour Guigone, deux saints réputés efficaces contre les maladies).

 Les jours de fête et les dimanches, on déployait le polyptique afin que chaque malade, depuis son lit, puisse méditer sur le thème du Jugement Dernier. Au centre, Saint Michel (l'Archange Michel) pèse les âmes des défunts sous la bienveillance de Jésus, un globe terrestre entre les pieds. Le Messie est assis sur un arc-en-ciel dont les extrémités se prolongent jusqu'à Maris et Saint Jean-Baptiste. Il est intéressant de noter que c'est l'une des premières fois où les "bonnes" âmes sont censées être légères. Jusqu'alors, les personnes qui avaient bien oeuvré dans leur vie avaient l'âme "lourde". Pour des raisons théologiques autant qu'esthétiques, le sens de la balance a été inversé (les mains de Jésus sont symétriques au fléau de la balance). La gauche du polyptique est consacrée au Paradis auquel accèdent les gens pieux. A droite, c'est l'Enfer et ses feux. Ce polyptique est, aujourd'hui, exposé dans une salle climatisée et obscure attenante à la salle Saint Louis. Ce sont les meilleures conditions possibles pour sa conservation et son observation (une loupe géante télécommandée permet même, quand elle fonctionne, de zoomer sur les détails). La partie arrière a été séparée de l'avant par les services du musée du Louvre au début du XXe siècle à l'occasion d'une restauration (en fait, le panneau de bois a été scié dans le sens de l'épaisseur, une sacrée prouesse !). Grâce à cela, nous pouvons, aujourd'hui, admirer les deux faces en même temps et au même endroit. Quelle merveille ! La dernière fois qu'il a été vu à sa place originale, c'était dans les années 1960 à l'occasion de la visite du Général de Gaulle à Beaune.

Détail de la partie centrale

Dans le roman, il est souvent fait allusion à ce polyptique. Souvent, le conservateur de l'Hôtel Dieu, incite Gabrielle à aller l'admirer et il a bien raison ! J'insisterai, ici, plus sur un détail de la réalisation : le mors de chape à motif trinitaire. Pour faire simple, c'est le médaillon que porte Saint-Michel autour du cou. C'est ce même médaillon (enfin... une copie sans doute) que Gabrielle acquiert, sans le savoir, dans une boutique de la rue de Turenne à Paris. Les trois lobes représentent la Trinité (le Père, le Fils et le Saint Esprit). De grande taille, il est serti de pierres précieuses dont un superbe rubis central..

visage de Saint Michel et son

célèbre mors de chape trilobé

 

 

 

 

 

 

 

 

      Enfin, évoquons un lieu qui ne fait pas, à proprement parler, partie de l'Hôtel Dieu, mais qui intervient dans l'intrigue du roman : la Bouzaize. La rivière qui traverse Beaune joue un rôle important puisqu'aussi bien Gabrielle que Roland s'y intéressent. L'image ci-contre montre la sortie de la partie souterraine, quelques dizaines de mètres après son passage sous la Cour d'Honneur (le bâtiment au toit marron au fond fait partie de la maison de retraite). A droite de l'image, le lavoir où les Beaunois venaient laver leur linge à grande eau jusqu'au début du XXe siècle. Aujourd'hui abandonné (au profit des laveries ou des machines individuelles...), il a été restauré et représente un bel exemple d'architecture. Mais le touriste qui circule sur le boulevard ne le remarque, la plupart du temps, même pas...

 

 

une image de la vente des vins au bon vieux temps (entre 1975 et 1982 ?)

cliquer sur l'image pour l'agrandir (300 Ko)

Sortie de la Bouzaize avec, au fond, la flèche de l'Hôtel Dieu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

description détaillée et riche sur le polyptique de Van der Waeyden

Gondinet & Wallstein - Mame - 1995

histoire détaillée de la ville de Beaune

Renaud & Gambier - La Taillanderie - 2005

 

 

     Pour terminer, une image en forme de clin d'oeil du film qui, tourné en partie à l'Hôtel Dieu, détint pendant quarante ans le record d'entrée au cinéma : La Grande Vadrouille de Gérard Oury avec Bourvil et Louis de Funès.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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