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(quatrième de couverture) |
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Depuis plusieurs années, Gabrielle Tizedon recherche inlassablement une série de dessins réalisés par Léonard de Vinci au début du XVIe siècle, considérés par tous comme perdus. Sur le point d’abandonner sa quête faute de nouvelles pistes à explorer, la jeune femme devenue dépressive et solitaire, croise par hasard la route de Nicolas. L’incroyable récit qu’elle lui confie débute par la découverte dans une vieille chapelle de Pommard d’un manuscrit rédigé en 1519 par un certain Roland de Dinteville, descendant du chancelier Rolin. Fasciné par Gabrielle autant que par sa confession, Nicolas décide de mettre par écrit les aventures de celle-ci en parallèle avec les passages traduits du manuscrit, révélant de bien étranges similitudes, à cinq siècles d’écart, dans les destins de Roland et Gabrielle. De manipulations en fausses pistes qui se répondent à travers les siècles, le chemin sera long et périlleux avant de pouvoir soulever un coin du voile du mystère. Une aventure passionnante, au cœur de la Bourgogne viticole, où la rigueur historique se mêle avec bonheur à la fiction.
"J’ai rencontré Gabrielle un dimanche matin glacial de décembre, au pied de la Tour Jean Sans Peur à Paris. Je crois me souvenir qu’elle était assise en tailleur à même le trottoir, entre la vitrine d’une parfumerie et la grille en fer forgé des vestiges du palais des Ducs de Bourgogne. Il ne devait pas être plus de six heures du matin et le jour n’était pas encore levé sur le quartier des Halles. Une sorte de neige fondue mêlée de givre recouvrait le macadam d’une pellicule que l’obscurité n’empêchait pas de scintiller. Attention, terrain glissant ! Les flocons, furtivement illuminés par le halo blafard des réverbères ou piégés par le cône de lumière bleutée d’une paire de phares, tombaient en rafales irrégulières et cinglantes. Le peu de passants, emmitouflés dans d’épais manteaux, courbaient l’échine comme s’ils étaient accablés par un invisible fardeau leur meurtrissant le dos. Le ciel, dépourvu d’étoiles, était si noir qu’on était incapable de soupçonner sa présence au-dessus de nos têtes. Le visage de Gabrielle était tourné vers le sol si bien que, l’obscurité aidant, j’avais, tout d’abord, été incapable de voir s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. A vrai dire, cette loque étendue sur le pavé parisien, était bien le cadet de mes soucis. Je remarquai tout juste qu’elle portait un jean déchiré et un vieux blouson de ski élimé aux coudes. C’est à peu près tout ce dont je me souviens de cette première rencontre. Quelques conversations futiles entretenues par des voix fatiguées s’échappaient du bistrot d’en face et un camion poubelle passa bruyamment avant de disparaître dans la rue Montorgueil. Lorsqu’un groupe de couche-tard me dépassa sans se soucier de ma présence ni de celle, bien plus énigmatique à mes yeux, de Gabrielle, le reflet vert de la benne à ordures réapparut un court instant au travers d'un résidu brumeux dont je ne sus s'il provenait d’un phénomène de condensation matinale ou d'émanations en provenance des bouches d’égouts. Paris sortait à peine de sa léthargie et la boulangerie qui faisait le coin de la rue de Turbigo se mit à répandre dans l’air ses enivrantes fragrances pâtissières."
Extrait du Chapitre 2 Beaune, 15 septembre 1519
"Je crois me rappeler que tout débuta peu après que le carillon de l'Hôtel Dieu eût sonné deux heures de l'après-midi. Comme presque chaque jour que Dieu faisait, j'étais posté dans le clocher de l'Hôpital à scruter l'horizon à travers ma lentille lorsqu'un trait de lumière très brillant attira mon regard. La providence fit que je me trouvais à l’endroit idéal : à mi-hauteur du clocher, juste au faîte de la lourde charpente de chêne conçue pour soutenir les plaques de plomb à la base de la flèche. Au total, cela n'avait pas duré plus de quelques secondes. Je notai dans mon carnet que l’étrange manifestation céleste dont je venais d’être le témoin avait traversé une bonne moitié du ciel à très vive allure, du sud-ouest vers le nord-ouest avant de s'éteindre quelque part en direction du coteau de Corton. Au même moment, un sifflement aigu se fit entendre et une odeur de soufre exalta mes narines. De quoi pouvait-il bien s’agir ? Un éclair ? Le temps était résolument beau depuis plusieurs jours. Un oiseau dont les ailes se seraient enflammées pour quelque mystérieuse raison ? Une étoile s’était-elle décrochée de la voûte céleste ou bien le Diable désirait-il nous manifester sa présence de cette manière ? A cette idée, je frissonnai. J’aurais peut-être dû me signer et en appeler à la clémence du Tout Puissant mais, instinctivement, je préférai effleurer du bout des doigts le bijou en or – un cadeau de baptême de ma mère – qui ne quittait jamais le tour de mon cou. C’était mon porte-bonheur et, jusqu’à cet instant, son efficacité n’avait jamais pu être mise en doute. Comment aurais-je pu deviner qu’il en irait différemment cette fois ? Il s'agissait, selon ce que j'avais pu comprendre, d'une agrafe de manteau, un mors de chape à motif trinitaire ayant appartenu à mon aïeul Nicolas Rolin. "
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Les Editions de l'Armançon |
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© Pierre-Yves Denizot - 2008
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