(...)
Mais l’orage était
passé sans que rien de fâcheux n’arrive. Une fois l’alerte météo levée, l’un
des deux responsables de la sécurité avait pris la peine de nous expliquer par
le détail comment les dessins du maître toscan étaient protégés avant de
conclure :
- Vous imaginez sans peine
qu’une œuvre dont la valeur est estimée entre huit cents millions et un
milliard d’euros(97) doive faire l’objet
d’une surveillance rapprochée !
Au vu de ce qui se
passait sous nous yeux, l’expression de « surveillance rapprochée »
employée par le chef de la sécurité pour qualifier le dispositif mis en place
au Clos de Vougeot se trouvait très loin de refléter la réalité. Jugez
plutôt : avant d’entrer dans le cellier, il avait tout d’abord fallu nous
identifier individuellement. Pour cela, nous nous étions présentés devant une
caméra numérique reliée à un système informatique de reconnaissance faciale
dernier cri. Une fois l’examen réalisé, nous avions pu pénétrer les uns après
les autres dans un grand sas en plexiglas bardé de capteurs en tout genre. En
dix secondes, nous avions alors été auscultés sous toutes les coutures par un
scanner corporel du même genre que ceux qui équipent les aéroports depuis les
récentes vagues de terrorisme. Alors – et seulement si rien de particulier n’avait
été décelé – la seconde porte du sas se déverrouillait et nous pouvions enfin pénétrer
dans le cellier. Là, sous une lumière tamisée qui permettait néanmoins
d’apprécier le spectacle avec suffisamment de détails, un énorme monolithe en
verre blindé ultra-transparent occupait presque toute la largeur de l’espace
dégagé entre les colonnes en pierre de taille. Sous la coque de verre à
l’épreuve de l’eau, des bombes et même des crashs d’avion, se trouvait, à
l’abri dans son atmosphère à la composition et à l’hygrométrie finement
contrôlées, l’objet de tout ce déploiement de très haute technologie en matière
de protection. (...)
Le
Florentin de Beaune, épilogue
|