(...)
Nous bifurquâmes ensuite
sur la droite afin de longer le fleuve en direction du Ponte Vecchio qui
s’élevait à peine une centaine de mètres plus loin au dessus des flots. La vue
du pont le plus célèbre de Toscane et peut-être – à égalité avec le Rialto de
Venise – de toute l’Italie avait quelque chose d’irréel. L’accalmie avait été
de courte durée et une fine bruine s’était remise à tomber en faisant refléter
avec encore un peu plus d’insistance sur l’eau du fleuve les éclairages tamisés
installés sous les piles.
- ça m’a fait ça aussi la première fois.
- Quoi ? demandai-je
en éprouvant, à nouveau, le désagréable sentiment que Chris parvenait trop facilement
à lire dans mes pensées.
- L’impression de
regarder une carte postale. Il n’existe pas des dizaines d’endroits sur Terre
capables de provoquer un tel effet.
Mon silence encouragea
Chris à poursuivre.
- Le Ponte Vecchio
résume, à lui seul, tout l’état d’esprit de la Renaissance : de
l’impression première de désordre et d’enchevêtrement, du mélange des formes,
des couleurs et des tailles des boutiques installées sur le pont émerge la
quintessence de ce que peut produire l’esprit humain. Il en résulte cette sorte
d’énorme chaos orangé d’aspect bancal, à la fois si mal fichu et si génialement
agencé. Dire que ce château de cartes date du XIVe siècle !
- On voit que tu adores
cette ville.
- Toi, c’est la
Bourgogne et moi c’est certainement ici que j’aimerais m’établir un jour… Cette
ville possède la plus ahurissante densité de merveilles au mètre carré !
- Le syndrome de
Stendhal(4) te guette !
(...)
Le
Florentin de Beaune, chapitre 5
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